La dernière enquête à Manpower Group sur les pénuries de main-d’œuvre est on ne peut plus claire : le décalage entre l’offre de compétences et la demande des entreprises s’est accru chez nous ces dernières années. Autrement dit, le manque de candidats et le manque de compétences est de plus en plus fort.
Un employeur sur trois a du mal à recruter. C’était un sur quatre il y a deux ans. Pour Marc Vandeleene, de Manpower Group, malgré des créations d’emplois indéniables ces dernières années, les tensions sur le marché du travail en Belgique sont de plus en plus fortes : “La reprise économique et également le coût du travail qui a diminué, ont joué en faveur des créations d’emploi. On voit aussi les chiffres, mais le problème est structurel et on fait cette enquête maintenant depuis 12 ans et on voit quand même que les métiers en pénurie et la structure du marché de l’emploi restent marqués par un grand décalage entre l’offre de compétences et la demande des entreprises”.
Est-ce que les métiers en pénurie sont en train de changer ?
Non, ou très peu. Des profils techniques d’ouvriers qualifiés — soudeurs, électriciens — sont les plus demandés, des techniciens aussi dans la maintenance par exemple et enfin du personnel, surtout multilingue, du secrétariat aux emplois de commerciaux. Si on veut résumer en deux mots : de la technique et des langues.
Les moins qualifiés restent encore sur le carreau
Cela reste le cœur du problème, malgré une forte création d’emplois, les moins qualifiés restent encore sur le carreau. La Banque Nationale de Belgique soulignait il y a une bonne semaine la nécessité de former et de cibler les populations fragiles sans qualification : “C’est vrai qu’il reste en Belgique un grand problème. Les gens de faible qualification ont un accès plus difficile au marché du travail qu’ailleurs et le même constat vaut pour les gens d’origine non européenne. Il faut donc, je pense, poursuivre des efforts ciblés en direction de ces groupes”, explique Jan Smets, gouverneur de la Banque Nationale de Belgique.
La lutte contre les métiers en pénurie une priorité politique
Il y a donc encore moyen de mieux faire correspondre l’offre de main-d’œuvre aux emplois vacants, ce qui soutiendrait la création d’emplois. Comment ? Incitants fiscaux et amélioration de la formation au-delà du relatif consensus sur des principes généraux. Gouvernement fédéral, régions et partenaires sociaux ont démarré des concertations ces dernières semaines pour faire de la lutte contre les métiers en pénurie une priorité politique.
RTBF, 26 juin 2018
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