Prêts pour financer les études: c’est “générer des bénéfices sur la pauvreté” dénonce la FEF

La Fédération des étudiants francophones (FEF) constate le coût grandissant des études supérieures ; selon elle, en 2018, une année d’étude coûte entre 8000 et 12.000 euros. Et la “précarité étudiante” grandit, dit le président de la FEF Maxime Michiels, interrogé par la RTBF : “Pour deux étudiants sur trois la solidarité familiale n’arrive plus à suivre. Les banques ont clairement identifié cette problématique de la précarité étudiante comme un marché potentiel. Donc elles développent un marketing tourné vers les étudiants”. Et il prend pour exemple les crédits proposés par certains organismes bancaires dans le but de financer des études. “La FEF tire la sonnette d’alarme sur la précarité, les banques l’ont identifiée comme marché. Aujourd’hui il ne manque plus que le politique à identifier cela comme une réelle problématique et à en faire une de ses priorités, entre autres dans le cadre des élections.”

“Générer des bénéfices sur de la pauvreté”

“Emprunter de l’argent coûte aussi de l’argent, comme le dit la mention légale. Donc le fait d’avoir une série de personnes qui n’ont pas assez d’argent pour financer leurs études, et qui font appel à des banques pour cela, cela permet de générer des bénéfices sur de la pauvreté : c’est une attitude qu’on peut aujourd’hui questionner. Si des gens ont besoin d’accéder aux études et qu’il faut renforcer l’accessibilité de l’enseignement supérieur, est-ce que le fait de développer un marché sur cette base-là est quelque chose d’éthique ou de socialement juste ?” demande Maxime Michiels.

“Les moyens mis en place pour les allocations d’études sont insuffisants : aujourd’hui seuls 14% d’étudiants en bénéficient en Fédération Wallonie-Bruxelles. Il y a 21% d’augmentation des demandes d’allocations d’études en 6 ans, il n’y a pas 21% d’octroi supplémentaire”, poursuit-il.

“Système inégalitaire”

“L’exemple anglo-saxon nous permet de tirer la sonnette d’alarme : non seulement les prêts d’études sont un système inégalitaire, qui ne permet pas un accès à l’enseignement supérieur, mais ils sont également désastreux d’un point de vue économique. En Angleterre on a aujourd’hui 45% de taux de non-recouvrement pour les prêts publics”, dit-il encore.

“Il y a un étudiant sur quatre qui travaille pour payer ses études, or les étudiants qui travaillent ont un taux moindre de réussite”, remarque-t-il.

RTBF.be, le 19/09/2018

L’équipe du Cepha, Conseillers en orientations scolaire et professionnelle.