Les associations étudiantes réagissent jeudi de manière plutôt mitigée à la réforme de la formation des enseignants, déposée cette semaine au parlement par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Si l’Union des étudiants de la Communauté française (Unécof) salue l’allongement des études, une solution “raisonnable“, la Fédération des étudiants francophones (Fef) craint elle une “élitisation” des études et de la profession.

Le changement le plus notable pour les étudiants sera l’allongement des études: s’ils avaient le choix entre étudier 3 ans (en haute école) ou 5 ans (à l’université), tous devront dorénavant se former en 4 ans minimum, avec deux ans de bachelier et deux de master. L’organisation de la formation sera répartie entre les hautes écoles et les universités.

Plus longues, donc plus couteuses

Se former plus longtemps signifie un coût plus important: “une année d’étude coûte entre 8.000 et 10.000 euros“, souligne Morgane Justens, présidente de l’Unécof. Pour la Fef, cela pose un réel problème. Selon la fédération, des études plus longues éloignent un public avec un profil socio-économique moins élevé, qui ne peut se permettre de payer cette année supplémentaire.

Les études d’infirmier ont été allongées d’une année et on constate moins d’inscriptions et une évolution dans le profil des étudiants“, explique Maxime Michiels, président de la Fef. “Alors qu’auparavant, de nombreux étudiants étaient issus de filières professionnelles ou techniques, ils viennent désormais surtout de l’enseignement général” dont le profil socio-économique est plus élevé.

Un autre son de cloche résonne du côté de l’Unécof: même si l’allongement a suscité quelques inquiétudes auprès des étudiants, l’organisation salue la solution choisie. “Beaucoup d’étudiants sont surchargés lors de leur formation en trois ans: il y avait trop de cours, trop de stages… Ils n’arrivaient pas à suivre le rythme très rapide. Allonger à quatre ans semble donc raisonnable“, estime Mme Justens.

Un autre point d’achoppement sur lequel s’accordent les deux associations: le test de diagnostic de la maîtrise de la langue française obligatoire à l’entrée des études. L’étudiant aura deux chances pour le réussir. En cas d’échec, son programme d’études sera allégé et il devra suivre une remédiation comptant pour 5 crédits au second quadrimestre.

Une remédiation ne va pas résoudre ce qui n’a pas été fait pendant 12 ans d’enseignement obligatoire

Ce qui obligera l’étudiant à abandonner un autre cours car il ne peut totaliser plus de 60 crédits en première année“, pointe Mme Justens. “Nous sommes contents que le gouvernement ait abandonné l’idée d’un test contraignant mais ce n’est toujours pas idéal. Ce qui pèche surtout est la maîtrise de l’orthographe, qui peut s’acquérir tout au long de la formation.

La Fef considère également qu’une “remédiation ne va pas résoudre ce qui n’a pas été fait pendant 12 ans d’enseignement obligatoire. On va juste pointer du doigt l’étudiant, qui reçoit en pleine figure qu’il ne maîtrise pas suffisamment le français“, dénonce Maxime Michiels.

Belga, RTBF.be, publié le 18/10/18

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