Un entretien d’embauche se décroche grâce à un diplôme et un emploi grâce aux compétences humaines personnelles.  

À l’entame de leur première année dans l’enseignement supérieur, nombreux sont les étudiants bien décidés à faire le maximum pour réussir et, partant, à mettre entre parenthèses, au moins provisoirement, toute activité “parascolaire” ou “extra-académique”, comme l’on dit à l’université. S’il est certes malaisé de blâmer en bloc une telle résolution, sommes-nous tellement sûrs, enseignants ou parents, qu’il s’agisse de l’attitude la plus adéquate ?

L’expérience montre que le succès de nos jeunes dans leurs études dépend pour une bonne part d’un juste équilibre dans leur vie au quotidien, à savoir : aller aux cours et consacrer suffisamment de temps à l’étude, à l’évidence, mais aussi s’adonner à des activités sportives ou de loisir et se détendre tout en préservant le repos et le sommeil nécessaires… Les quelques lignes qui suivent visent à attirer l’attention sur l’importance, pour tout étudiant, débutant ou non, d’acquérir parallèlement aux connaissances techniques de la filière d’étude choisie une série de compétences humaines et transversales, au sens où celles-ci lui forgeront une personnalité et des aptitudes qui faciliteront son adaptation à l’environnement professionnel dans lequel il sera amené à évoluer.

Il est indéniable qu’acquérir un diplôme et disposer d’une formation spécialisée offrent des atouts majeurs pour accéder à une vie professionnelle. On observe cependant que le monde du travail recherche aussi des profils “généralistes”. Ainsi s’exprime un responsable d’un important cabinet d’audit et de conseil : “Nous voulons surtout des jeunes qui ont une personnalité, qui sont alignés sur nos valeurs et notre culture et qui ont un potentiel d’apprentissage […] Le diplôme de départ devient de moins en moins important. Nous ne recrutons plus seulement des économistes ou des juristes, mais aussi des sociologues, des philosophes,…” (La Libre Entreprise, 15 septembre 2018, p. 3). Les aptitudes personnelles et les “savoirs comportementaux” sont innombrables et très variés : la capacité à travailler en équipe, la créativité, la gestion du stress, la confiance, l’esprit d’entreprendre, la motivation, la curiosité, le sens du collectif, la capacité à communiquer, l’empathie, la gestion du temps, l’audace, l’art d’apprendre à apprendre, l’intelligence émotionnelle, l’adaptabilité, le sens de l’initiative, la vision des étapes d’un processus, le sens de l’efficacité, la capacité à désamorcer un conflit, l’optimisme, le goût des responsabilités, la flexibilité face au changement, l’humour, le bon sens,…

De plus en plus conscients de cette réalité, les acteurs de l’enseignement supérieur encouragent les jeunes à s’adonner, parallèlement à leurs études, à des activités qui contribueront à leur conférer ces multiples qualités. Participer à un “kot à projet”, animer des plus jeunes au sein d’un mouvement de jeunesse, préparer un voyage à plusieurs, mettre sur pied une troupe de théâtre, exercer un job de vacances, s’impliquer dans une organisation étudiante… Les occasions ne manquent pas pour trouver des “occupations intelligentes” adaptées au contexte particulier de la vie d’étudiant. À la condition qu’elles s’y intègrent harmonieusement, ces activités engendreront au profit des jeunes concernés un épanouissement personnel propice au succès de leur parcours d’étude en même temps qu’elles les doteront des “compétences douces” (les soft skills) indispensables à leur future vie professionnelle.

Il n’est guère surprenant d’entendre dire de plus en plus souvent qu’un entretien d’embauche s’obtient grâce à un diplôme mais que ce sont les compétences humaines personnelles qui permettent d’obtenir un emploi et… de le garder.

À bon entendeur… salut et bonne rentrée !

Une chronique de Jacques Laffineur, chercheur et conseiller aux études UCLouvain. Publiée sur La Libre.be le 8/10/2018.

L’équipe du Cepha, Conseillers en orientations scolaire et professionnelle.